Temps d’arrêt au Laos – Réflexion d’une nomade

Je le savais avant de quitter le Canada. Je le sentais depuis que je suis sur la route. Ça m’a frappé d’un coup en arrivant au Laos. Ma quête n’est pas de voir le plus de pays en Asie “pendant que j’y suis”. Ni de voyager sans fin. Je ne veux pas être une éternelle touriste. Mon désir est de me poser dans un autre coin du monde que le mien avec mon futur chéri. Cette phrase est si simple mais ô combien puissante. Et elle résonne plus que jamais très fort en moi.

oiseau de l'amour, Chiang Mai, Thaïlande

Le Laos
Ça m’a pris quelques jours à identifier ce qui me tourmentait en arrivant au Laos. J’ai réalisé que mon coeur était encore au Myanmar. À Kuala Lumpur, mon être entier est resté au Sri Lanka. En arrivant au Sri Lanka, j’ai souhaité retrouver l’état de bien-être qui m’avait enveloppé lors de la retraite de méditation au Cambodge. Et au Cambodge, je me suis sentie loin de Bali.

L’expérience de voyage à long terme que je suis en train de vivre est formidable sauf que le rythme des derniers mois m’a empêché parfois, trop souvent, d’apprécier pleinement le moment présent.

Le Laos a été une escale de repos, de vélo, de réflexion et de gastronomie. Quelle a été ma joie de retrouver “du vert” dans mon alimentation!  Green smoothies, légumes verts crus ou vapeur, salades, thé vert et thé matcha et en bonus de vraies pâtisseries françaises! Produits quasi inexistants dans mon quotidien depuis mon départ de Bali il y a cinq mois.

Jus de fruits frais, Vientiane, Laos

Mon autre bonheur a été de me déplacer en toute facilité dans les villes de Vientiane et de Luang Prabang à vélo. Je partais, le sac et la bouteille d’eau dans le panier, vers un de mes cafés préférés pour travailler ou me balader sans but précis avant d’aller écouter les moines chanter. Cette légère brise sur le visage (et dans mes cheveux qui allongent) me faisait oublier la chaleur accablante et me procurait un incroyable sentiment de liberté. Comme quoi le bonheur se trouve dans les petites choses.

Magnifique paysage de Luang Prabang, Laos

Le “sans but précis” fait aussi écho à mon état d’esprit à mon arrivée au Laos. Pour la première fois depuis que je voyage, je rentrais dans un pays sans billet de sortie. Le Laos ne l’exige pas contrairement à tous les autres pays que j’ai visités. Tant mieux puisque mon plan était de poursuivre ma route vers le Vietnam, mais je n’étais pas convaincue que c’était la suite de mon chemin à ce moment-ci.

Le voyage et les voyageurs
Je sais que de voyager à court ou plus long terme fait rêver beaucoup de gens. Beaucoup choisissent de réaliser ce rêve. Ça me fascine de voir à quel point les jeunes qui ont pris quelques mois voire une année ou plus pour voir l’Asie du Sud-Est sont nombreux. C’est devenu tellement commun, presque banal. À me faire oublier d’être reconnaissante pour ce que je vis.  À le prendre pour acquis tellement que ce mode de vie de nomade est intégré dans mon quotidien.

Dans un petit village du Laos où j’ai passé une semaine, j’ai rencontré de jeunes voyageurs fort inspirants. Ils étaient en quête d’expériences uniques hors des sentiers battus et près du pouls local. Ils parcourent le pays en vélo, seul ou en couple, et certains voyagent avec un sac de moins de 5 kilos (le mien dépasse les 16 kilos et je n’ai pas tant de choses que ça il me semble!).

Petite route d'un village du Laos

Le commentaire qui revient le plus souvent est cette désolation de l’afflux de touristes qui vient à altérer la culture et l’environnement du pays. Alors tout le monde cherche à trouver son petit coin authentique loin des autobus remplis de chinois. Mais comme “tout le monde” voyage, la route est de plus en plus tracée et encombrée, et pas tout le temps par des voyageurs inspirants.

Quelques voyageurs m’ont avoué devenir un peu blasés après quelques mois et deviennent plus difficilement impressionnés par les paysages qu’ils rêvaient de voir. Je me demande si le fait de voyager entre “backpackers” qui ont “tout vu” contribue à diminuer l’effet de surprise de la prochaine destination.

Pont suspendu d'un petit village du Laos

Certains deviennent blasés mais poursuivent leur route sans but précis entre amis rencontrés dans une auberge. D’autres tiennent à cocher les pays de leur “bucket list”. Le voyage ne devient plus tant une aventure, mais un mode de vie devenu facile où il fait bon prendre des photos à partager. En comprendre la culture en moins de 30 jours (la durée moyenne d’un visa) n’est pas aussi simple.

Ça me fait toujours de la peine quand j’entends des voyageurs dire qu’au final, la Thaïlande, le Laos, le Cambodge… l’Asie du Sud-Est ça devient vite la même chose. Un tel pays est mieux, l’autre est moins cher ou un autre est devenu trop touristique.

C’est sûr qu’il y a des similarités au niveau des transports, des marchés, de la nourriture et tant mieux, ça simplifie un peu l’arrivée. Mais à mes yeux, chaque pays possède sa propre énergie et ses attraits très distinctifs.

"maison des esprits" à Chiang Mai, Thaïlande

Je crois que l’ordre dans lequel on visite des pays influence grandement notre perception. Après avoir goûté aux bus locaux du Sri Lanka, la vitesse à laquelle roule le chauffeur de bus au Cambodge semble “normalement rapide”. La ville de Luang Prabang paraît encore plus riche quand on arrive du Myanmar. La mégapole de Kuala Lumpur est plutôt silencieuse quand on a connu le chaos de Colombo. Mais ahh, j’ai envie d’ajouter que peu importe d’où on vient, le sourire des gens du Myanmar et de Bali demeure remarquablement chaleureux.

Charmante statuette d'un petit moine souriant, Chiang Mai, Thaïlande

Ça m’a fait réaliser à quel point l’impression d’un pays est subjectif. À quel point notre perception peut être biaisée par notre mode de vie, notre santé, notre énergie du moment, les gens croisés sur la route, la fluidité du voyage, le climat. Quelqu’un qui se fait voler au Cambodge considérera le pays comme étant dangereux pendant que celui qui a été malade au Myanmar dira d’éviter la nourriture locale.

Pendant que les locaux se frottent de plus en plus à la mode occidentale, les backpackers pour la plupart arborent tous le même look un peu défraîchi avec les mêmes vêtements vendus en série dans les marchés de nuit dans l’un ou l’autre des pays d’Asie du Sud-Est. Camisole avec la bière locale ou pantalon avec dessins d’éléphants que je ne suis plus capable de voir. La plupart semblent tous être habillés pour aller à une plage du Mexique pendant que nous sommes dans un environnement bouddhiste plus conservateur.
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À Chiang Mai, en Thaïlande, j’étais assise à un petit endroit pour boire une limonade quand 4-5 personnes se sont mises à dévisager une jeune femme qui se baladait dans une robe sans soutien-gorge et qui découvrait tout son dos et le haut de ses fesses. Une des femmes m’a regardé en me disait, non, mais nous ne sommes pas à la plage de Phuket, nous sommes dans une ville sacrée de Buddha où il y a des moines et des temples partout! Il faut respecter notre culture! Oui, je suis bien d’accord madame et je suis tout autant désolée de voir ça que vous!

En arrivant au Laos, j’ai été surprise de voir certaines femmes laotiennes porter le short. Il semblerait que c’est assez récent. À voir défiler de jeunes étrangères exhiber (beaucoup trop) leurs jambes, elles ont voulu faire pareil au grand désespoir des plus vieilles générations.

Les moines

Tuk tuk bondé de moines à Luang Prabang, Laos
Les moines. Ils nous attirent, nous inspirent et les touristes ne se lassent pas de les regarder, moi la première. Ils sont un peu comme des super stars. Tout le monde les prend constamment en photo. Là où ça dérange, c’est quand les touristes oublient (ou ignorent?) d’être respectueux en gardant un certain savoir-être. Il y a une coutume religieuse qui veut qu’à tous les matins vers 6h, les moines défilent en silence pour récolter le riz et autres nourritures préparées par les locaux. Cette coutume est devenue un attrait touristique où certains photographes ne se gênent pas de se placer à deux pouces du visage des moines pour prendre leurs clichés ou pire des selfies pour bien sûr les partager fièrement.

Sentant les affaires, des femmes vendent des paniers de riz aux touristes pour “qu’ils vivent l’expérience”. J’ai vu un japonais accepté la sollicitation d’une vendeuse pour s’asseoir avec le panier sans trop savoir quoi faire faute d’explications. Au bout d’une minute, il avait donné tout le riz et il est reparti avec une photo de lui en pleine action. J’ai lu plusieurs articles sur des blogues à ce sujet déplorant le cirque que cette pratique est devenue et le comportement de certains touristes. Je vous recommande cet article de Grantourismo (en anglais) si vous souhaitez lire davantage sur le sujet.

Moines à l'heure de la prière, Luang Prabang, Laos

Au moment de la prière où je vais écouter les moines chanter, j’entends des gens entrer pour prendre des photos et ce, sans désactiver le flash ou la sonnerie de leur cellulaire, ce qui fait qu’on entend constamment les “clics” de leur caméra, et puis ils repartent. J’essaie d’imaginer la même scène dans une église où un touriste rentrerait pendant une messe ou des funérailles pour prendre des photos des gens et repartir…

J’en parlais avec un moine novice au temple. Il me disait que c’est sûr que ça les dérange dans leur pratique et qu’il voit à quel point les choses ont changé en dix ans. Ils apprécient quand les touristes vont vers eux pour leur poser des questions et discuter. Si vous voyagez dans un pays bouddhiste, je vous encourage de discuter avec eux au lieu de juste rentrer et sortir d’un temple le temps d’une photo vide de sens et d’histoire.

Coeur sur une façade d'un temple de Luang Prabang, Laos

Temple de Luang Prabang, Laos

Le revers de la médaille de la vie de nomade
L’escale “repos réflexif” au Laos m’a permis de constater que je suis fatiguée de vivre dans cet environnement touristique. Que j’ai envie de me poser dans un “décor local” pour plus d’une semaine au lieu de continuer à être “qu’une autre touriste” au marché ou au resto du coin à qui on demande si je veux un tuk tuk pour aller visiter les chutes. Envie d’une pause au lieu d’ajouter un autre pays à ma courte liste pendant que j’y suis. Envie de faire partie d’une communauté. Ça revient exactement à ce que j’écrivais dans un de mes premiers papiers en arrivant à Bali.

Je me rends compte qu’il me faut plus d’un mois pour me faire une véritable impression d’un pays. Un pays que je ne visite pas en tant que touriste en vacances, mais en tant que nomade qui se cherche un nouveau domicile. Je suis toujours en train d’effleurer un peu quelques villes au lieu de vivre et de comprendre le pays en profondeur. Je cherche à voir le pays mais surtout à le ressentir.

D’être seule sur la route dans un environnement continuellement changeant n’est pas ce que je trouve le plus difficile. C’est un excellent exercice d’apprentissage sur moi-même, de confiance et d’adaptation. Non, le plus difficile est d’être en continuelle planification. Destinations, modalités, visas, calendriers, vols, transports, itinéraires et on recommence.

Un travail excitant mais qui à le défaut de me transporter toujours dans le futur au lieu de demeurer dans le moment présent. Avec chaque date d’entrée vient une date de sortie. Où aller?, combien de temps?… Toujours des questions, toujours des décisions à prendre. À en perdre la raison pour laquelle je voyage.

Vol au-dessus de Luang Prabang, Laos

Je sais et je prône que le bonheur est à l’intérieur de nous, mais je m’acharne à le trouver dans ce nouvel environnement où je veux élire domicile.

Mon plan initial était de poursuivre ma route vers le Vietnam “pendant que j’y suis” avant de rentrer à Bali. Avec toutes ces réflexions j’ai plutôt décider de m’offrir un mois de “moment présent” sans décision à prendre. Je retourne au Cambodge refaire une retraite de méditation et yoga. Un mois pour apprendre, me vider la tête, nourrir mon coeur, ré-énergiser mon corps et laisser la vie se déployer sous mes yeux. Mon cadeau d’anniversaire.

Guardian d'un temple, Chiang Mai, Thailand
Chiang Mai, Thailand

Sur une dernière note, pendant qu’il y avait un épais brouillard dans mes pensées quant au choix de ma prochaine étape, je suis allée prendre un verre dans un petit bar de Luang Prabang (Laos). La propriétaire m’a demandé de piger une carte que je vous partage. Je crois qu’elle vous parlera aussi.

Carte avec citation, Luang Prabang, Laos

C’est justement ce qui rend la tâche difficile d’avoir un monde de possibilités! Mais ça fait du bien de se le rappeler n’est-ce pas!

Bonheur et sérénité,

Nathalie